Ginette et René vivent tout au bout de la route. Autrefois, le hameau comptait une centaine d'âmes; Ginette raconte que de la ferme, on entendait les enfants piailler, ça faisait comme une bordée d'oiseaux affamés. À présent, ils ne sont plus que trois à l'habiter. Tant qu'il restera les bêtes, pour aboyer et bêler, on songera encore à la vie. L'été, une autre maison s'ouvre, quelques vacanciers reviennent, profiter des parages. On les observe, ouvrir grands les fenêtres. À ce moment précis de l'année, les deux mains s'imposent pour compter les âmes du village. Ginette et René ont la vieillesse chevillée au corps, tordus par les rhumatismes et la vie rude d'une campagne qui n'épargnait guère ses travailleurs. Vivant ici en autarcie dans le respect scrupuleux des saisons. Encore une année, la dernière.