Il y a là quelque chose d’assez mystérieux, à penser que la mémoire fait ses choix. Un jour, elle accrochera un souvenir, un bijou, une odeur; le lendemain, elle en relâchera un autre, un paysage, un visage; s’apparentant à un cycle sur lequel hélas, nous n’avons pas de prise.
À la veille de cheminer dans le grand âge, nous ignorions si notre invitation aurait un sens.
Un atelier associant le souvenir avec l’image, en apparence va de soi. Du moins, sur le papier. Quoi de plus évident, au moment d’évoquer la photographie, que de la lier au tic-tac d’une horloge et à ce pouvoir fascinant d’en interrompre les aiguilles. Chaque fois que nous appuyons sur le déclencheur, le temps s’immobilise. C’est entendu. Du moins, sur le papier. Les albums s’entassent et les disques durs s’amoncellent. Regardons. Tout sourire en noir et blanc, maillot de bain des années 80, couleurs chatoyantes, un séjour dans les Pyrénées, la table du salon et cette question : où est-elle passée ? La vieille Pierrette et la boite de bonbons, floues, une commode, un napperon. L’odeur du sol au plafond. De fil en aiguille. D’halogénure en pixel. D’œil en neurones. Elle était ici notre mémoire. Sur le papier, sur l’écran, dans les profondeurs de l’hippocampe. Quelque part qui remue sans cesse puis s’éteint.
Finalement, nous ne sommes pas parvenus à répondre à la question qui nous taraudait.
En revanche, nous avons mêlé des histoires. Vieilles et vieux, au gré des ateliers, sur cette route sinueuse de la mémoire, nous nous arrêtions afin d’évoquer tel souvenir, avant de reprendre nos pas. Fragiles. Indistincts.
Et puis, nous leur avons demandé de choisir un objet qui faisait saillie dans leur existence, un élément aimé qui peut-être aurait la force du symbole, à mettre en image. Vivre dans un EHPAD, c’est aussi déménager et se défaire de ses possessions. Alors, lorsqu’il a fallu réfléchir à ce que nous pouvions apporter, la réponse souvent n’allât pas de soi.
Et puis, nous leur avons demandé de choisir un objet qui faisait saillie dans leur existence, un élément aimé qui peut-être aurait la force du symbole, à mettre en image. Vivre dans un EHPAD, c’est aussi déménager et se défaire de ses possessions. Alors, lorsqu’il a fallu réfléchir à ce que nous pouvions apporter, la réponse souvent n’allât pas de soi.
Ensemble, on a fait ce que l’on a pu et c’est déjà beaucoup.
EHPAD Sauveterre-de-Rouergue & EHPAD Sainte Marthe
Musique / Sons - Francis Esteves
Octobre / Décembre 2022