Ici, sont enfermés les prévenus en détention provisoire et ceux dont la peine n’excèdera pas deux années. La discipline est sévère. L’attente, insupportable. S’extirper du quotidien de la prison, afin de se projeter, est une chose délicate. Ils nous l’ont confié: l’esprit comme le corps demeure entre les murs. Dès lors, l’atelier est devenu ce lieu où se déployait la parole. Une montée de mots avec laquelle nous nous sommes employés à raconter l’histoire du prisonnier M., une semaine rythmée d’étranges métamorphoses. À la chambre photographique, nous avons eu recours au positif et au négatif de chacune de nos images. Une manière de dire la dualité du jour et de la nuit, de l’intérieur et de l’extérieur, de l’enfermement et de la liberté. Une façon aussi d’exploiter l’obscurité pour la changer en lumière. Le principe en apparence était donc assez simple : bâtir un récit à partir de mots, d’images et de sons. En réalité, les contraintes inhérentes à un atelier en milieu carcéral devaient singulièrement nous compliquer la tâche. Mais, s’il est des semaines dont la mémoire peine à se souvenir, celles-ci y demeureront de manière durable.
Cinq semaines pour en transcrire une seule et tirer le prisonnier M. de l’ombre à la lumière.
Maison d’arrêt de Rodez
Atelier mené avec l’association Prodiges.
Septembre / octobre 2020

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